1. Les chiffres des violences faites aux femmes ont-ils augmenté en 2020 ?
La mesure des violences faites aux femmes est difficile car les faits ne sont pas forcément qualifiés et encore moins systématiquement dénoncés. L’observatoire national des violences faites aux femmes s’appuie sur les enquêtes de victimation, les appels au 3919 et les chiffres de la police et de la gendarmerie.
L’année 2020 n’est pas terminée mais les chiffres du premier confinement révèlent une augmentation des appels au 3919 : 52 000 rien qu’en avril-mai 2020 (contre 81 401 sur l’ensemble de 2019). On a recensé 2000 SMS au 114 pendant le seul mois d’avril, et 78 féminicides au 31 octobre.
Les violences à l’encontre des femmes s’inscrivent dans des logiques d’emprise, de culpabilisation, de chantage qu’il faut démonter pour pouvoir restaurer l’intégrité et la capacité d’action des femmes et garantir un accompagnement respectueux de leur dignité. Ces violences naissent de l’inégalité systémique entre les femmes et les hommes qui légitime la domination masculine. Cet état de fait impose de crédibiliser la parole des femmes, de sortir du déni et du silence. En effet, les violences faites aux femmes sont un problème public qui appelle une mobilisation collective.
2. Qu’avez-vous mis en place pour protéger les femmes victimes de violences durant le confinement ?
En mai 2020, l’association rennaise Asfad a reçu 100 appels concernant des violences conjugales contre 47 à la même période l’année dernière. C’est plus du double ! Le parquet, quant à lui, fait état de 1020 procédures concernant des violences conjugales entre janvier et septembre 2020 contre 908 pour toute l’année 2019. Face à cette urgence, nous avons recensé les ressources disponibles sur le territoire et les modalités de mobilisation en période de confinement.
Ces informations ont été diffusées au grand public, aux acteurs et agents de proximité, à la ligne d’écoute et de soutien. Nous avons aussi maintenu le lien avec l’ensemble des structures agissant pour les droits des femmes et poursuivi les échanges et suivis au sein du réseau des professionnels rennais contre les violences faites aux femmes. Nous sommes en contact permanent avec les services de l’État.
Il est très important de rappeler aux femmes confinées avec un homme violent qu’elles peuvent quitter leur domicile à tout moment, sans remplir d’attestation. Les numéros d’urgence se trouvent ici : https://metropole.rennes.fr/violences-familiales-qui-sadresser
3. Quelle est votre feuille de route pour aider ces femmes et mettre fin aux violences ?
L’accueil des femmes, leur orientation, leur accompagnement et leur protection est à améliorer c’est en ce sens que le réseau professionnel rennais contre les violences faites aux femmes a élaboré un guide et aura à travailler sur un lieu d’accueil 24h/24 et 7j/7 ainsi que sur le renforcement des espaces de reconstruction post-traumatique.
La sensibilisation à la mécanique des violences, à la stratégie des agresseurs et l’étayage des femmes, notamment par les stages Riposte d’auto-défense féministe seront poursuivis à l’adresse des Rennaises et des Rennais.
La prévention des violences passe aussi par l’éducation et la diffusion de la culture de l’égalité, la promotion de la médiation par les pairs, les classes Égalité, l’éducation à la vie affective et sexuelle, les compétences psycho-sociales et l’expression des émotions en sont des leviers.
La question des violences à l’encontre des femmes traverse les champs de la santé, de l’accompagnement social, du logement, de la police-gendarmerie, de l’accès aux droits, de l’emploi, de la justice au-delà des organismes spécialisés, la mise en réseau permet de fluidifier le parcours des femmes, c’est en ce sens que nous agissons pour un observatoire local pour l’élimination des violences faites aux femmes en complémentarité de l’action de l’État dont c’est la compétence.