Conseil municipal du 4 février : Frédéric Bourcier intervient sur nos politiques de solidarité
7 février 2019
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Mes chers collègues,

Notre ville connait une période de grandes transformations qui s’est encore amplifiée l’année dernière. Après l’inauguration du Couvent des Jacobins et l’arrivée de la LGV, d’autres projets vont voir le jour cette année et l’année prochaine : inauguration de la gare, ouverture de la ligne B du métro, nouvel Antipode, Portes Mordelaises, Conservatoire au Blosne…

Ces différents projets sont la preuve du dynamisme de notre Ville, de la période exceptionnelle qu’elle connait.

Mais tous ces projets n’ont de sens que s’ils servent tous les Rennais, sans en laisser aucun sur le bord du chemin, dans un souci permanent de cohésion. Car si Rennes voit son visage changer, elle fait néanmoins face à de nouveaux enjeux, en matière d’exclusion, de demande sociale, qui grandissent, muent et auxquels nous devons faire face.

C’est pourquoi nous avons été la première ville à nous engager dans le nouveau programme de rénovation urbaine de l’ANRU, qui prévoit 500 millions d’euros pour réhabiliter, construire et réaménager nos quartiers prioritaires de la ville, en particulier le Blosne et Maurepas.

Mais cette démarche ne peut pas être entreprise seule, car elle ne serait sans doute qu’une solution de moyen terme. C’est pour cela qu’à cet engagement de rénovation urbaine, nous avons associé une politique de loyer, celle du loyer unique, pour rendre attractifs les quartiers prioritaires de la ville, et redonner une liberté résidentielle aux ménages les plus modestes.

La question du logement abordable pour tous est évidemment la pierre angulaire de toute politique d’inclusion. Notre nouveau PLU va d’ailleurs amplifier le mouvement pour plus de logements sociaux dans notre ville, hors de nos Zacs notamment.

Vous connaissez les efforts de notre SPL Eau du Bassin Rennais en matière de facturation progressive et sociale.

Pour les prestations péri et extra scolaires municipales, vous connaissez notre politique de modulation de l’effort demandé aux familles en fonction des revenus, jusqu’à l’accueil gratuit avant et après l’école pour les plus modestes, ainsi que la restauration et les ateliers sur la pause méridienne à 1 €/enfant.

Vous connaissez le succès de la carte Sortir, délivrée désormais sous les mêmes conditions de ressources que la tarification sociale des transports, qui permet à plus de 20 000 rennais, parents et enfants, des pratiques sportives, culturelles et de loisirs, à moindre coût.

Par délégation du département d’Ille-et-Vilaine, notre CCAS accompagne individuellement 7 000 des 10 000 allocataires RSA du territoire rennais pour développer leur autonomie. Nous affectons plus d’un million d’euros d’aides facultatives par an pour répondre aux situations d’urgence des personnes isolées. Nous soutenons leur inclusion bancaire et leur stabilisation budgétaire par la mise en place d’un dispositif de micro-crédit et, depuis peu, de micro-épargne accompagnée.

Parmi les grandes difficultés rencontrées sur notre territoire comme dans beaucoup de grands centres urbains, il y a l’hébergement d’urgence, compétence état, déléguée au 115. Notre Maire s’est engagée en 2014 à ce qu’aucun enfant ne dorme à la rue. Chaque nuit, hors de notre champ de compétences, la ville et son CCAS assurent la mise à l’abri, à titre humanitaire, de près de 450 personnes avec le dispositif CooRUS, dans des chambres d’hôtel ou en mettant à disposition des biens communaux. Nous finançons aussi les fluides et les assurances pour des occupations encadrées par des associations, qui permettent de loger entre 150 et 200 personnes suivant les périodes. 60% de ces personnes hébergées directement ou indirectement par la ville de Rennes sont des enfants.

Plus globalement, nous œuvrons depuis de nombreuses années contre la grande exclusion, par le soutien à l’accueil de nuit, la création d’un poste de médiateur accès aux droits sur l’espace public, ou encore la rénovation du Fourneau, qui vient de rouvrir après un an de travaux. Le restaurant social du CCAS fait en effet peau neuve pour la cinquantièmeme année d’installation dans ces locaux.

Quelques 140 personnes sans domicile fixe, sans distinction de nationalité, peuvent y bénéficier d’un repas à 1 euro. Mais c’est bien plus qu’un simple lieu de restauration. Au Fourneau, ces personnes sont accueillies quotidiennement, orientées, et accompagnées. Ces moments de partage avec les agents de restauration, les animateur-éducateurs, l’infirmière et le chargé de médiation sont des temps privilégiés, qui permettent de retisser du lien, et de favoriser l’accès au droit. Ainsi, des permanences régulières sont également organisées au sein du restaurant social : CPAM, aide juridique, Mission Locale We Ker, infirmière de liaison en addictologie…

Le restaurant social édite aussi le « guide sans abris » de Rennes, en partenariat avec les acteurs du territoire, et organise ou co-anime des actions collectives au sein de l’établissement ou à l’extérieur (concert, journée bien-être, action éveil des sens à Pasteur…).

Au-delà du soutien que nous apportons aux grands mouvements de solidarité, reconnus d’utilité publique, ATD Quart Monde, Secours populaire, Croix rouge, Secours catholique et Restos du cœur, et aussi aux nombreuses associations du territoire, nous avons considéré qu’il fallait créer une plate-forme de mobilisation pour des projets concrets, de toute mesure et de toute nature. SolidaRen est aujourd’hui en place, portée par une fondation que plusieurs entreprises ont rejointe, permettant de mobiliser citoyens, entreprises et associations pour aborder les nouveaux défis en matière d’inclusion.

Nous devrons faire toujours plus, poursuivre nos actions communes pour lutter contre la grande exclusion, tant qu’elle sera présente sur Rennes. C’est pourquoi nous organisons avec le CCAS le 27 février prochain une première Nuit de la Solidarité. Nous appelons nos concitoyens à une nuit de mobilisation, autour des associations, pour établir un recensement des Rennaises et des Rennais sans domicile fixe, et évaluer l’accompagnement social et humain dont ils bénéficient ou non actuellement. Nous voulons, en suivant la méthodologie éprouvée dans des villes nord-américaines et à Paris, favoriser le recours aux aides sociales à la disposition des personnes en situation d’errance.

Nous invitons les Rennaises et les Rennais, et je vous invite, chers collègues, à vous inscrire avant le 10 février sur le site de la Fabrique citoyenne pour participer, ensemble, à cette initiative solidaire.