Conseil municipal du 25 juin : Sylvain Le Moal intervient sur l’accueil des migrants
27 juin 2018
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Mes chers collègues,

Mercredi dernier, c’était la journée internationale des réfugiés. Le phénomène est mondial, avec 68,5 millions de personnes déplacées à travers la planète, 25,4 millions de réfugiés, et 3,1 millions de demandeurs d’asile recensés par l’Organisation des Nations Unies.

Cette journée était teintée d’une tonalité particulière dans le contexte récent de l’accueil par l’Espagne de l’Aquarius, et du passage au Sénat du Projet de loi « asile et immigration ». On entend aujourd’hui beaucoup de discours catastrophistes qui évoquent une vague de migrants. La réalité est celle-ci : la France a reçu l’an dernier 100 000 demandes d’asile. Cela ne représente que 0.14 % de la population française.

À notre niveau, il nous semble important de réaffirmer notre engagement déterminé à être au rendez-vous de la tradition d’accueil et d’intégration de notre ville. Car nous sommes convaincus qu’aucun argument, ni sécuritaire, ni économique, ne peut justifier le refus d’accueillir dans des conditions dignes ceux qui fuient leur pays parce qu’ils n’y sont plus en sécurité.

Depuis des années, à Rennes, nous faisons le choix de loger les migrants à leur sortie des Centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), de travailler main dans la main avec les associations pour l’apprentissage de la langue française, de scolariser les enfants sans considération aucune de la situation de leurs parents…

Malgré la hausse des demandes, la Ville et la Métropole de Rennes continuent de mener une politique efficace et fluide de relogement (dans le cadre du Plan départemental d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées copiloté par l’État et le Département d’Ille-et-Vilaine). Ce système s’appuie sur une complémentarité de différents dispositifs : logement, hébergement d’urgence, et hébergement d’insertion. Ainsi, les personnes peuvent être orientées vers un logement du parc social, une résidence pour travailleurs migrants, une résidence habitat jeunes, ou encore un hébergement temporaire.

Sont également mises en place un certain nombre de prestations facultatives qui permettent aux demandeurs d’asile de bénéficier de la gratuité des transports, ou de la carte Sortir ! La ville travaille aussi sur l’inclusion numérique au sein des équipements de quartier pour favoriser l’accès aux droits et l’autonomie de tous – y compris des migrants qui utilisent ces équipements.

De plus, comme les autres personnes en fragilité, les migrants (majeurs) peuvent fréquenter le restaurant social Leperdit géré par le CCAS. Le seul critère pris en compte pour y accéder est de savoir si la personne vit effectivement à Rennes.

Dans le cadre du règlement d’attribution des aides facultatives, le CCAS peut enfin être amené à soutenir financièrement les personnes étrangères sans autorisation de séjour sur le territoire français ou en demande de renouvellement de titre de séjour, sans ressources ou avec de faibles ressources, par le biais d’aides aux frais de régularisation administratives (timbres fiscaux et bons de transports notamment).

Les demandeurs d’asile ont aussi accès aux services de droits communs proposés par la Ville, concernant l’école ou les activités de loisirs par exemple.

C’est d’ailleurs un point sur lequel je tiens à être complet. L’accueil scolaire et péri-scolaire des enfants. L’accès à l’école n’est pas une évidence partout pour les enfants de migrants. À Rennes, ni la ville, ni les directeurs d’écoles ne demandent leur statut aux parents des enfants. La priorité reste la scolarisation, sans autre considération administrative.

Ces choix peuvent faire débat, mais nous maintiendrons ce cap, pour rester fidèles, quoiqu’il arrive, aux valeurs d’humanité et de solidarité de Rennes.