Intervention au conseil municipal du 20 mars 2017.
Mes chers collègues,
En cette période préélectorale médiatiquement embouteillée, les débats de fond sont parfois laissés de côté par les médias au profit de sujets plus “vendeurs”. Parmi les débats oubliés, je veux vous parler ce soir des droits des femmes.
“N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise économique, politique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.” Cette phrase de Simone de Beauvoir nous rappelle sans cesse à notre devoir de vigilance.
Certains débats nous ont plongés au niveau national dans une remise en question de droits fondamentaux que l’on pensait acquis.
Le débat sur l’accès libre à l’IVG, et sur son remboursement intégral a ressurgi à l’aune de la discussion parlementaire sur l’extension du délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse. Ce texte, adopté définitivement le 16 février dernier vise à lutter contre les pratiques de désinformation de sites Internet, qui, sous couvert d’une présentation neutre et objective, exercent une pression psychologique sur les femmes et leur entourage en matière d’IVG ; et diffusent de fausses informations et fausses adresses, perturbant l’accès aux établissements pratiquant l’IVG. Ce texte ne crée pas de nouveau délit ni ne censure la liberté d’expression, comme le prétendent les accusations mensongères de la droite. Car le juge ne pourra demain sanctionner la diffusion d’informations contre l’IVG si et seulement si elle est de nature intentionnellement dissuasive et destinée à induire la personne en erreur.
Alors que les violences conjugales sont dépénalisées en Russie, que le gouvernement polonais veut supprimer totalement la pratique de l’IVG, quand elle était pratiquée légalement sous le régime communiste, les travaux parlementaires sous le quinquennat Hollande auront été, plus que jamais, synonymes d’avancées réelles pour les droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Je ne peux être exhaustive mais vais simplement vous citer quelques exemples :
- la parité entre les femmes et les hommes : premier Gouvernement paritaire de la Vème République et ministère aux droits des femmes dédié, accélération de l’obligation de compter au moins 40% de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises, parité renforcée dans les CCI, ordres professionnels, et dans les conseils départementaux (14 à 50 % d’élues sont désormais des femmes) ;
- de nouveaux moyens pour l’égalité professionnelle : partage plus équilibré des responsabilités parentales avec la réforme du congé parental, lutte contre le sexisme et les agissements sexistes en milieu professionnel ;
- la lutte contre les violences faites aux femmes : généralisation du téléphone grave danger, adoption de la loi visant à lutter contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées ;
- de nouveaux droits sociaux garantis : création de la Garantie contre les impayés de pensions alimentaires (GIPA), politique ambitieuse en faveur des parents isolés qui sont dans 85 % des cas des femmes ;
- le développement de l’éducation à l’égalité filles/garçons : plan ambitieux pour l’égalité à l’école.
À Rennes, nous avons fait de l’égalité entre les femmes et les hommes, une ambition qui innerve toutes nos politiques publiques. C’est un choix ambitieux, mais également une nécessité impérieuse.
Comme le dit Nathalie Appéré, nous ne célébrons pas à Rennes la journée internationale des droits des femmes, mais un mois complet, à l’échelle des efforts que nous mettons en œuvre pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Samedi s’est clôturée l’édition 2017 du “mois” des droits des femmes, dont les manifestations se centraient sur l’égalité F/H dans le sport et la culture. Des espaces d’épanouissement personnel parfois relégués en marge de vie des femmes, par manque de temps souvent. Un marqueur supplémentaire des inégalités entre femmes et hommes. Une inégalité subie induite par une inégale répartition des charges familiales abandonnées aux femmes.
Faire du sport, avoir des activités culturelles et artistiques demande du temps, du temps pour soi. Le déséquilibre entre le temps domestique des femmes et des hommes, 1h30 par jour en moyenne, explique le déséquilibre mesuré dans la pratique sportive qui, comme pour la présence dans l’espace public, s’accentue au moment de l’adolescence : aisin, la proportion des licences sportives délivrées 37% pour les femmes, 63% pour les hommes.
Le plafond de verre dans l’accès aux responsabilités n’est pas cloisonné au monde professionnel et politique, il entrave aussi les femmes dans les univers sportif et culturel.
Ces sont les assignations de genre, les étiquetages, les interdits, le sexisme ordinaire qui structurent les imaginaires, dévalorisent et organisent l’inégalité systémique. Ainsi les inégalités s’entretiennent et se reproduisent, entravent l’accès des femmes aux responsabilités.
Pour y faire face, il faut prendre le temps de : mesurer ; d’étayer la légitimité et la crédibilité des femmes de manière volontariste ; et enfin de transformer les représentations, déboulonner les stéréotypes, et valoriser les modèles de réussite.
L’égalité ouvre des horizons, apporte de l’agilité, libère les talents. Le droit à disposer de son corps, à avoir du temps pour soi, à s’exprimer, à s’épanouir est la condition d’une société plus juste, plus démocratique, plus équilibrée, plus riche de tous ses talents, plus solidaire, plus créative.
Seul le prononcé fait foi.