[Rennes au pluriel] 3 question à… Geneviève Letourneux

1- L’édition 2020 de Rennes au pluriel n’avait pas pu se tenir à cause de la situation sanitaire. Comment vous-êtes-vous organisé.es cette année ?

La préparation de Rennes au pluriel se déroule sur plusieurs mois. Échaudé·es par l’annulation de 2020, nous avons d’emblée imaginé la possibilité d’un plan B en cas de prolongement des restrictions sanitaires. Au fil des mois, la programmation en ligne a donc pris forme. Aujourd’hui, elle nous permet même de toucher des personnes au-delà de Rennes ! L’agilité des partenaires, la présence de Léonora Miano lors de la cérémonie d’ouverture, et les différents temps de rencontre à venir sont mobilisateurs et stimulants.

2- Rennes au pluriel 2021 s’intéresse à la diversité ethnoculturelle et aux mémoires de l’esclavage. Pour quelle(s) raison(s) ?

En hypothéquant la possibilité d’un commun, le racisme et les discriminations liées à l’origine – qui ont pour matrice l’esclavage et la traite – fragilisent notre promesse républicaine.

C’est la raison pour laquelle Rennes au pluriel démarre le 10 mai, à l’occasion de la Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, instaurée il y a 20 ans par la loi Taubira qui a reconnu l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

Honorer la mémoire des êtres dont l’humanité a été bafouée, c’est diversifier les regards sur notre histoire, sur les révoltes, les combats, les généalogies brisées et les conséquences de l’esclavage. C’est aussi prendre conscience des traces laissées dans nos imaginaires et dans les mécaniques de domination et d’occultation, toujours à l’œuvre aujourd’hui.

3- Comment ce rendez-vous annuel est-il né et pourquoi est-il si important dans notre dispositif de lutte contre les discriminations ?

Les Semaines de l’égalité, organisées en 2014, ont montré la nécessité d’un rendez-vous fédérateur qui favoriserait la controverse et le dialogue, l’élargissement des regards, la curiosité et l’ouverture, la reconnaissance de ce qui est minoré et invisibilisé. De ce constat, Rennes au pluriel naît l’année suivante et fait désormais partie intégrante du plan de lutte contre les discriminations de la Ville.

En proposant une approche sereine de la pluralité, comme antidote aux peurs et aux replis identitaires, Rennes au pluriel cherche à transformer les représentations et à faire vivre une société plurielle, où les identités sont vivantes, métissées et ouvertes, où l’égalité est réelle.

À l’image du métissage de notre société, la programmation est hybride, portée par notre ambition de considérer toutes les formes d’expressions culturelles, à égale dignité de valeur et de légitimité. Les arts et la culture sont des leviers puissants pour prendre conscience des logiques mortifères du racisme et des discriminations, pour éprouver l’universel des émotions.

Retrouvez le programme de l’édition 2021 de Rennes au pluriel : https://www.calameo.com/read/0054162343192c578a35d