À l’aube des années 70, Muriel Condolf-Ferec naît dans l’Est de la France, près de Nancy. Un an plus tard, son père qui travaille à la SNCF est muté en région parisienne. La famille vit d’abord en Seine-Saint-Denis puis dans les Yvelines, à Verneuil-sur-Seine, ville dans laquelle Muriel se présente à la tête d’une liste d’union de la gauche aux élections municipales de 2001 et de 2008. C’est en 2012 qu’elle s’installe définitivement dans l’Ouest, grâce à la mutation à Rennes de son mari breton.
Son engagement politique, elle le doit notamment à sa prof de français qui lui fait découvrir Montaigne et Montesquieu, et dont la lecture savante entre en écho avec les valeurs d’humanisme et de tolérance véhiculées par sa famille, en particulier par ses grands-parents ayant connu la guerre. Face aux injustices et aux inégalités croissantes, elle ressent « le besoin de défendre l’acceptation de la différence, je n’avais plus envie d’être un pion sur un échiquier. »
Un dimanche, au cours d’un de ces petits déjeuners rituels où l’on refait le monde en famille, son père lui lance le défi de passer de la parole aux actes et d’agir pour défendre ses convictions. Elle assiste alors à une réunion publique sur le droit à l’avortement animée par la gynécologue et militante féministe bretonne, Joëlle Brunerie-Kauffmann. Née un an après mai 68, Muriel comprend qu’elle doit se mobiliser pour que le droit fraîchement acquis des femmes à disposer librement de leur corps ne soit pas remis en question.
Après s’être longtemps satisfaite d’un engagement fort dans la vie associative, elle se rend compte que l’aboutissement du combat qu’elle mène pour défendre une certaine idée du progrès social, se situe dans l’action politique. Du haut de ses 27 ans, elle adhère donc au Parti socialiste. Puis durant onze ans, de 2001 à 2012, elle est élue municipale d’opposition, à Verneuil-sur-Seine.
Pendant cette période, elle oscille entre son attrait pour le monde de la santé et son goût pour tout ce qui touche à l’action publique. En 2001, alors technicienne de laboratoire en analyses médicales au sein de l’AP-HP, elle entre au cabinet de la ministre du Logement, Marie-Noëlle Lienemann. Cette expérience marque un tournant dans son parcours professionnel : « quand on est dans les processus décisionnels, on n’a plus envie d’être une simple opératrice. » Elle décide alors de devenir cadre de santé et intègre, en 2008, le service de neuropathologie de la Pitié-Salpêtrière.
À son arrivée à Rennes en 2012, elle se met en disponibilité de la fonction publique hospitalière pour s’occuper de ses deux enfants en bas âge. Deux ans plus tard, elle rejoint Nathalie Appéré, candidate aux élections municipales, et devient sa conseillère municipale déléguée au logement. Elle consacre ce mandat à faciliter l’accès au logement et à accompagner les femmes et les enfants victimes de violences intrafamiliales, dont l’aboutissement est l’ouverture prochaine d’un lieu d’accueil. Elle favorise également la mise en œuvre du loyer unique qui « donne le choix aux habitants de logements sociaux d’habiter où ils veulent » et œuvre à un meilleur accès au logement social des personnes vieillissantes, un engagement fort de la Ville qui fait partie du réseau des Villes amies des aînés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Son parcours, elle le sait influencé par deux femmes : Marie-Noëlle Lienemann et Nathalie Appéré. De cette dernière, elle retient surtout sa capacité à « donner envie qu’on se batte, qu’on se mobilise pour un projet, pour un territoire. » Une troisième figure d’autorité a eu un impact non négligeable sur sa vie, c’est Rennes : « J’étais banlieusarde dans l’âme et j’ai eu un vrai coup de cœur pour cette ville qui possédait l’effervescence que j’avais peur de quitter. Ici tout est plus proche et plus simple, j’ai gagné en qualité de vie. »
Quel est son rôle ?
En plus de sa délégation à la Ville, elle est conseillère départementale à la petite enfance et à la protection maternelle et infantile (PMI), ce qui lui permet notamment de mettre en œuvre des actions adossées à la politique de la ville pour lever le plus tôt possible les freins à l’apprentissage des enfants issus de familles vulnérables.
Pour cela, elle souhaite développer encore davantage, en lien avec son collègue en charge de la petite enfance, le dispositif « parler bambin » qui aide les enfants à acquérir le langage et favorise leur autonomie dès le plus jeune âge. Elle veille également à ce que les professionnels soient formés à détecter les signaux de souffrance chez un enfant. Enfin, elle ambitionne de soutenir, rendre visible et mettre en relation les associations qui accompagnent les familles à « entrer dans la parentalité de manière sereine » ou encore à surmonter des situations de phobie ou de harcèlement scolaire.