Béatrice Hakni-Robin, adjointe déléguée au quartier du Blosne

C’est en région parisienne que naît Béatrice Hakni-Robin au début des années 70. À l’origine pourtant, ses parents viennent du centre Bretagne (Loudéac, Noyal-Pontivy) mais ils font partie de ces nombreux Bretons qui ont quitté la campagne pour trouver un emploi en ville. À Nanterre où ils s’installent, son père devient cheminot tandis que sa mère est employée des PTT. En 1978, retour à la case Bretagne grâce à une mutation de sa mère à Rennes, déjà en pointe des technologies de l’information et la communication avec l’invention du Minitel. Sa première nuit dans la ville, elle s’en souvient comme si c’était hier : la famille séjourne alors à l’Hôtel de la marine, place de Bretagne. Elle a 6 ans.

Les années filent ensuite jusqu’au bac, obtenu au lycée Jean-Macé, qui lui ouvre les portes du monde de l’enseignement supérieur : à Rennes 2, elle obtient un DEUG de psychologie, puis passe une maîtrise en administration économique et sociale, spécialisée en développement local, à Rennes-1. Vie étudiante rime aussi avec premiers engagements politiques. Elle se souvient des premières manifs, en 1994, contre le contrat d’insertion professionnelle et la précarité des jeunes. Elle militera ensuite au sein d’associations de jeunesse et à la Maison de quartier de Villejean sur diverses thématiques (culture, diversité, inclusion, participation des jeunes et lutte contre les discriminations).

Après ses études, elle devient une fonctionnaire territoriale engagée sur le développement solidaire, économique et durable des territoires ruraux, périurbains et urbains : elle intègre d’abord la communauté de communes du Grand-Fougeray, puis la commune de Charenton-Le-Pont et le département des Yvelines, avant de revenir dans la métropole rennaise pour prendre successivement la direction générale des communes d’Orgères et de Vern-sur-Seiche. Jusqu’en 2020, où elle décide de se consacrer à plein temps à son activité d’élue, un moyen de « continuer à servir l’intérêt général et d’être utile à un territoire et des habitants par l’action politique. »

Elle s’engage au PS à la fin des années 2000 et est élue pour la première fois en 2015, au conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, sur le canton de Rennes 3. En 2019, elle soutient la candidature de Nathalie Appéré et devient, en juin, son adjointe déléguée au quartier du Blosne. Une nouvelle élue très fière de porter une politique historiquement « très inclusive vis-à-vis de ses quartiers politique de la ville », comme le Blosne ou Villejean. Alors même que « certaines villes relèguent ou abandonnent les quartiers populaires, Rennes c’est tout l’inverse », elle les désenclave en les reliant au centre-ville grâce au métro, en y implantant des équipements publics majeurs comme le Conservatoire et en y soutenant une vie associative riche.

Elle ne dissimule pas son admiration pour cette « identité rennaise fortement orientée vers l’humanisme, le lien social et le vivre-ensemble » et vante les mérites de la Réserve citoyenne et des Volontaires solidaires, des démarches qui permettent d’« impliquer les citoyens dans l’action publique, de faire en sorte qu’ils expriment leur solidarité au quotidien. »

Profondément marquée par la récente libération de la parole des femmes, elle est impatiente qu’ouvre le lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences qui leur permettra de « sortir de l’emprise et de reconstruire leur vie dans un cadre sécurisé pour elles et leurs enfants. » Quand on l’interroge sur les personnalités qui lui ont servi de modèles, elle se réfère spontanément à la figure de Gisèle Halimi, « une intelligence remarquable au service de combats collectifs. »

Parce qu’on sait depuis Virginia Woolf, l’importance de disposer d’un lieu à soi lorsqu’on est une femme, et a fortiori une femme de combat, celui de Béatrice Hakni-Robin est rempli de grands classiques du cinéma, comme « Metropolis » de Fritz Lang, revu récemment. Et quand il faut prendre l’air, c’est vélo et course à pied le long de la Vilaine vers Baud-Chardonnet ou encore aux parcs du Landry et des Hautes-Ourmes. Mariée et mère de deux grands enfants (une lycéenne et un jeune adulte), elle affectionne aussi les voyages en famille sur les bords de mer de Bretagne et d’ailleurs, « des moments où l’on se retrouve. »


Quel est son rôle ?

Accompagner les initiatives associatives, sociales, économiques, urbaines, sportives ou encore culturelles et faire en sorte que les habitants participent à l’évolution du quartier. L’action politique doit « s’appuyer sur leur ressenti et leur besoin » et prendre en compte leur « faculté à appréhender ces changements », l’adjointe de quartier doit donc faire preuve de pédagogie.

Le projet urbain du Blosne, par exemple, c’est 120 millions d’euros pour transformer le territoire en 10 ans : « un vivier pour de multiples engagements et initiatives populaires, les possibilités sont infinies. » Dans les années à venir, il faudra également réfléchir avec les habitants à l’avenir du site où se trouve l’hôpital Sud, lorsque les services de pédiatrie et de maternité seront transférés à Pontchaillou, laissant 70 000 m² de surface libre. Tout un programme.