L’ouverture sur le monde, Anabel Marie l’a toujours eue chevillée au corps. Car bien que née dans le département de la Manche, en Normandie, elle vit à l’étranger (Algérie, Maroc, Côte d’Ivoire) jusqu’à ses dix-huit ans et garde toujours un pied en Espagne d’où sa mère est originaire. « L’Europe, je la connais depuis longtemps, j’ai vécu l’entrée de l’Espagne dans la CEE [ancien nom de l’Union Européenne de 1957 à 1993], en 1986. Les pays du Sud sont très fiers de faire partie de l’Union européenne, on y valorise beaucoup plus l’action européenne que chez nous. »
Après le bac, elle rentre dans l’Hexagone pour y faire deux années de médecine suivies d’une spécialisation en orthophonie. Elle guérit les troubles du langage depuis lors, d’abord en Seine-Saint-Denis, et aujourd’hui au Rheu, elle qui vit à Rennes depuis 30 ans.
Comme plusieurs autres élus à la Ville, la présence de l’extrême-droite au second tour de l’élection présidentielle de 2002 constitue un moment clé de son engagement politique. Déjà adhérente au PS à l’époque où elle vit à Paris, c’est au sein de la section du centre de Rennes qu’elle milite activement depuis les années 2000. Elle chérit alors cet « endroit d’échanges où l’on se nourrit les uns des autres. »
Il faut dire que cette Bretonne de cœur vient d’un milieu où l’engagement est roi : son père est responsable syndical au sein de l’Éducation nationale et membre du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) de Basse-Normandie, tandis que sa mère est investie sur le plan associatif. « Je ne me voyais pas faire autrement », confie-t-elle, « l‘engagement crée un certain équilibre. »
Elle entame aujourd’hui son deuxième mandat de conseillère municipale déléguée à l’Europe auprès de Nathalie Appéré, dans une ville dont elle admire « l’européanité » et où elle compte bien profiter du « terreau favorable à l’Europe » qu’elle perçoit au sein de la population.
Comme elle, les personnalités qui constituent son panthéon personnel ont en commun un certain attachement à l’Europe ainsi qu’à la défense des droits humains. Elle retient d’Edmond Hervé, l’« exemple de droiture » ; affirme que François Mitterrand l’a beaucoup marquée : « je n’oublie pas les progrès qu’il a permis en matière de libertés » et espère que François Hollande, à qui elle prête « beaucoup de qualités », sera reconnu pour « son action particulièrement efficace et digne. »
Sa passion pour l’action publique la suit jusque sur son temps libre, étant une grande lectrice des derniers livres politiques. Elle parvient cependant à combiner ces lectures avec celles de romans en tout genre : « je lis souvent deux livres en même temps : j’en ai un sur la table de chevet et un dans le salon. » De la même manière, c’est avec une grande dextérité qu’elle lie son amour pour la côte Ouest à des séjours dans des contrées du Sud de l’Europe, où la température est légèrement plus élevée …
Quel est son rôle ?
Faire en sorte que les Rennaises et Rennais se sentent citoyens européens, c’est-à-dire partie prenante de l’Europe et non plus simples spectateurs des décisions qu’elle prend. Il s’agit d’inviter les habitants à s’intéresser à l’Europe, à découvrir concrètement comment elle agit sur notre quotidien, comment elle nous protège et comment chacun·e peut agir à l’échelle européenne. Il faut informer, expliquer, favoriser le débat sur les enjeux européens et parfois déconstruire les idées reçues sur l’Europe.
C’est ainsi que le Labo Europe, une initiative rennaise et un des volets de la Fabrique citoyenne, a été conçu en lien avec des associations locales (Maison de l’Europe, Maison Internationale de Rennes) et des Rennaises et Rennais. Ce Labo Europe, un dispositif expérimental et participatif, imagine des actions innovantes dans le but de parler d’Europe autrement, au plus grand nombre, et notamment aux plus jeunes.
En matière de coopération européenne, la Ville de Rennes s’investit dans plusieurs réseaux. Eurocities, pour n’en citer qu’un, permet aux grandes villes d’Europe d’échanger entre elles, de s’inspirer les unes des autres et de mener une réflexion commune sur les problématiques qu’elles rencontrent. Une excellente opportunité pour nos villes d’être forces de proposition et d’action auprès des instances européennes.
Rennes a également des partenariats de longue date avec certaines villes européennes, ce qui offre l’occasion de partager réflexions et expérimentations locales : accueil des personnes âgées ou accompagnement des start-ups avec Poznan, en Pologne ; démocratie participative ou égalité femmes-hommes avec Erlangen, en Allemagne…