3 Questions À… Flavie Boukhenoufa
9 décembre 2020
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1. En quoi consiste le principe de laïcité ? Depuis son adoption, il y a 115 ans, répond-t-il à des enjeux nouveaux ?

La laïcité, c’est la la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion. Dans cette diversité, elle permet de vivre ensemble. Socle fondateur des valeurs de notre République, elle vise l’égalité de droit, de traitement, d’accès au service public. Elle exclut toute discrimination.

Ce 9 décembre, nous célébrons en effet les 115 ans de la loi de séparation des Églises et de l’État. « Une loi de bon sens et d’équité, combinant les droits des personnes et l’intérêt des Églises avec les intérêts et les droits de l’État » disait Aristide Briand. La Laïcité n’est pas la négation du fait religieux ou une forme d’athéisme de l’État. Elle est le principe qui permet la mise en œuvre de nos valeurs républicaines.

Elle nécessite pour être appliquée une réflexion collective et permanente, sur les mutations de notre société. Cette démarche implique de dépasser ses propres certitudes, ses propres convictions, ses propres croyances et de s’ouvrir aux autres.

Nous avons le devoir de nous assurer tant de l’application du principe de laïcité que de sa parfaite compréhension par nos services publics et par les citoyens.

 

2. Dans quelle orientation s’inscrit la délégation Laïcité à Rennes ? Le comité consultatif Laïcité va-t-il prolonger ses travaux ?

Parce que la laïcité est au premier rang des chantiers du vivre-ensemble rennais, nous devons maintenir un dialogue permanent. Le comité consultatif Laïcité a été pensé dans cet esprit.

Grâce à ses travaux, des débats et rencontres ont pu être organisées, la Journée de la laïcité – fixée au 9 décembre – est un rendez-vous annuel des citoyens rennais, et le document « Pour une charte rennaise de la laïcité » a été édité.

Je rencontre depuis cet été les acteurs cultuels, associatifs, de l’éducation populaire, et des citoyens croyants ou non. J’ai également réuni à l’automne les membres sortants du comité consultatif pour tracer les orientations et méthodes de travail du mandat 2020-2026.

Nous gardons la volonté d’un travail strictement limité aux questions locales, et envisageons une évaluation des préconisations présentées au cours du mandat précédent. Le comité doit continuer à permettre la rencontre, le débat et le dialogue, et s’ouvrir à de nouveaux acteurs (organisations internationales, de jeunes, de femmes).

Par ailleurs, nous ouvrirons un travail d’évaluation et de mise en perspective des besoins des rennais en matière de rites funéraires, qu’ils soient religieux ou non. Nous souhaitons par-là approfondir les enjeux locaux liés aux carrés funéraires dans les cimetières et aux cérémonies laïques.

 

3. L’assassinat de Samuel Paty pose la question de l’enseignement de la laïcité à l’école. Comment la Ville agit dans ce domaine ?

La ville soutient les démarches d’éducation au principe de Laïcité dans l’école et autour de l’école.

Elle accompagne les innovations pédagogiques des enseignants sur le temps scolaire, des animateurs périscolaires sur les temps du midi, du soir après l’étude, du mercredi après midi au centre de loisir, des animateurs enfance jeunesse des associations d’éducation populaire.

Elle a initié un groupe d’échange de pratiques avec des personnels périscolaires pour identifier les situations pratiques les plus souvent rencontrées dans les écoles et ainsi permettre l’édition de préconisations dans un guide à disposition de tous dans les accueils de loisirs municipaux.

Plus largement, elle propose à tous ses agents – non seulement aux agents éducatifs – de se former sur le sujet car ils sont tous concernés.

La ville souhaite faire preuve de pédagogie pour permettre la compréhension la plus large possible du principe de Laïcité. Il n’y a qu’une seule laïcité qui s’applique. Nous avons le devoir de la rendre concrète, accessible et compréhensible par tous les rennais.