Intervention sur les droits des femmes
14 mars 2016
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Intervention de Geneviève Letourneux au Conseil Municipal du 14 mars 2016

Mes chers collègues,

Mardi 8 mars, la Journée Internationale des Droits des Femmes a été l’occasion, partout dans le monde, de souligner le chemin parcouru pour l’égalité entre les femmes et les hommes et aussi le caractère inachevé de cette construction d’une égalité réelle.

Ici à Rennes, loin des opérations marketing sexistes qui détournent le sens même de cette journée, nous avons fait le choix, de longue date, de consacrer non pas une journée mais un mois entier pour échanger, partager et avancer avec les Rennaises et les Rennais pour desserrer les freins et activer les leviers de la mise en œuvre des droits des femmes et de l’égalité réelle, car l’égalité formelle ne suffit pas.

Cette année c’est autour de la thématique « Sphère privée Sphère publique : cultiver l’égalité entre les femmes et les hommes » que se sont fédérées des propositions variées, multiformes, complémentaires émanant d’associations féministes, d’institutions, de collectifs. Un dynamisme remarqué et remarquable.

Rennes est, depuis 25 ans, en première ligne du combat féministe, et nous nous attachons avec ténacité et conviction à poursuivre ce combat..

Cet engagement au long cours, nous le devons en particulier à notre collègue Jocelyne Bougeard qui m’a précédée dans cette délégation et qui poursuit aujourd’hui ses engagements au sein du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Notre ville s’est tout particulièrement distinguée par son engagement en faveur de l’égalité professionnelle. Depuis le début des années 90 un travail de fond a été engagé sur la mixité des métiers, l’aménagement du temps de travail, ou encore l’accès égal à la formation et aux postes d’encadrement. Notre action a été récompensée en 2007 lorsque Rennes est devenue la première ville à obtenir le label égalité professionnelle de l’AFNOR, labélisation renouvelée en 2011 puis 2014.

-L’orientation de notre dialogue social contre la précarité et pour plus d’égalité dans les carrières, se traduit par des mesures qui bénéficient à 75% à des femmes.

-Notre feuille de route pour l’égalité et la non discrimination est aussi une garantie pour les femmes, notamment en matière de traitement et d’accompagnement des situations de sexisme ou de harcèlement.

-Le bureau des temps a, cette année, mené l’enquête sur l’articulation entre le temps de travail et le temps personnel, et cet arrêt sur image est précieux pour ouvrir de nouvelles pistes d’améliorations. Ce n’est pas anodin pour les femmes qui continuent s’assumer 70% des responsabilités éducatives et du travail domestique.

Notre engagement pour les droits des femmes doit continuer à traverser toutes nos politiques  de l’accueil de la petite enfance à notre politique d’aménagements urbains en passant pas la culture, l’éducation, l’action sociale, la santé, la vie associative, la participation citoyenne, l’emploi et, les relations internationales.

Depuis le début du mandat, et le vote du budget nous le rappelle encore ce soir, nous avons fait le choix de renforcer notre démocratie locale en permettant aux rennaises et aux rennais de prendre toute leur part dans la conception de nos politiques publiques.

En septembre dernier nous installions ainsi le comité consultatif sur l’égalité femmes-hommes. Composé d’une quarantaine de personnalités du monde associatif, des habitants, des représentants d’institutions et des élus, c’est un cadre de travail, de réflexion partagée, de vigilance qui s’inscrit dans le cadre de notre charte de la démocratie locale.

Dès la semaine prochaine, nous invitons les Rennaises et les Rennais à se joindre à la réflexion sur notre projet urbain en participant à des ballades urbaines et à des cafés citoyens pour imaginer ensemble Rennes en 2030. La question des différences d’usages et d’appropriation de l’espace public par les femmes et par les hommes y aura toute sa place.

Penser la ville par le prisme du genre nous a conduit, dès 2015, à initier des marches exploratoires de femmes. Cette démarche est un vecteur efficace pour promouvoir et construire l’égalité, et nous la poursuivrons dans les années à venir, particulièrement dans les quartiers prioritaires.

Mes chers collègues, le combat vers l’égalité réelle est encore long. Les chiffres des violences faites aux femmes, la non reconnaissance des victimes lorsque le crime est un viol en sont les indicateurs les plus choquants.

Il n’y a pas de fatalité, il est possible et utile d’agir. Nous avançons, les atteintes sexistes dans les transports sont enfin prises en compte par la loi, les congés parentaux sont mieux partageables, les pensions alimentaires impayées sont garanties, les plan égalité femmes hommes se déploient dans les entreprises ; c’est ainsi qu’entre 2013 et 2015 la France est passée du 45ème au 15ème rang mondial en matière d’égalité femmes/hommes.

Les droits conquis dans notre pays sont loin d’être le quotidien pour des millions de femmes à travers le monde.

Alors que nous faisons part de notre vive inquiétude ce soir face à la situation de Dyarbakir, comment ne pas songer à ces femmes, ces filles, ces enfants pour qui les situations de conflits et parfois d’exil exposent à toujours plus de risques de violences, d’agressions et d’exploitations.

Là-bas, comme en France, lorsque les droits des femmes sont bafoués, c’est humanité dans son ensemble qui est attaquée.

Dans une période où les forces de la régression se développent, qu’elles soient véhiculées par l’obscurantisme religieux, par le déclinisme, par les forces du repli et de la peur, par l’esprit guerrier, il est essentiel de nous ressourcer, de nous rassembler pour garantir les droits et cultiver l’égalité.

L’égalité est avant tout une exigence de justice, elle est aussi un gage de démocratie, le ferment d’une société plus juste, un chantier d’humanité et de dignité.

Elle n’est pas automatique, elle se construit partout et avec tous. Il nous appartient donc de rester vigilants et mobilisés car plus que jamais, elle reste un champ de conquête.

Seul le prononcé fait foi